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Travail forcé des Ouïghours : "Nous comptons sur l’action citoyenne pour faire pression sur les enseignes"

Travail forcé des Ouïghours : "Nous comptons sur l’action citoyenne pour faire pression sur les enseignes"

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Nayla Ajaltouni est coordinatrice d'Éthique sur l’étiquette, un collectif qui agit en faveur du respect des droits humains au travail, notamment dans l’industrie textile. Elle nous parle de l'exploitation des Ouïghours, pour la production de coton et la fabrication de vêtements dans la région autonome du Xinjiang, en Chine.
Photo by Sze Yin Chan on Unsplash

Depuis 1995, le collectif Éthique sur l'étiquette agit pour "mondialiser les droits humains au travail", en demandant aux entreprises de veiller aux conditions de production des marchandises qu'elles commercialisent. Le collectif, qui agit aussi en faveur de "la reconnaissance du droit à l’information des consommateurs sur la qualité sociale de leurs achats", est composé d'associations de solidarité internationale, de syndicats, de mouvements de consommateurs et des associations d’éducation populaire. Nayla Ajaltouni coordonne les campagnes d'Éthique sur l'étiquette. Elle a répondu à nos questions sur le travail forcé des Ouïghours.

Quels sont les liens entre l’industrie textile et l’exploitation des Ouïghours ? 

N. A. : Dès 2019, des journalistes et des chercheurs ont documenté le travail forcé des Ouïghours - une minorité turcophone et de religion musulmane, ciblée par Pékin - dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine. Cette région héberge de nombreuses usines de l’industrie textile, de fabrication de vêtements, mais aussi des champs de coton. Cette région produit environ 20% du coton mondial. En fait, il est possible qu’un vêtement sur 5 dans le monde contienne du coton récolté dans cette région, ou ait été fabriqué dans une usine dans laquelle il y a du travail forcé.

Quelles marques de textile sont concernées ?

N. A. : C’est très difficile de répondre précisément à cette question. Car il est impossible de mener l’enquête sur place. Un vêtement sur 5, finalement ça concerne énormément de marques... Elles sont liées au travail forcé via leurs sous-traitants chinois. Au sein du collectif Éthique sur l’étiquette, nous ciblons toutes les grandes enseignes d’habillement, comme Nike, Zara, Shein… En France nous avons même décidé de porter plainte, et une enquête a été ouverte contre 4 multinationales de l’habillement : Inditex (maison mère de Zara), Uniqlo, SMCP (propriétaires de Sandro, Maje...) et Sketchers (chaussures de sport). Ces groupes sont accusés d’être complices de graves crimes. Nous avons pu déposer cette plainte car nous avions suffisamment de preuves concrètes de leurs liens commerciaux avec des unités de production de la région. Le but est d’interpeller et de faire pression sur toutes les enseignes.

Evidemment, plusieurs marques ont déjà nié avoir des liens avec la région, car elles ne regardent que leurs fournisseurs de rang 1. Même si certaines ont déclaré qu’elles allaient couper tout lien avec la région, ça ne veut pas dire qu’elles vont le faire. De son côté, la Chine a appelé au boycott de certaines enseignes. Dans la foulée, Inditex a retiré sa déclaration condamnant le travail forcé, cela montre qu’ils n’ont pas beaucoup de scrupules. H&M par contre a maintenu sa condamnation et n’a pas cédé au chantage. 

Que peut-on faire en tant que citoyen et consommateur ? 

N. A. : Nous comptons beaucoup sur l’action citoyenne pour interpeller et faire pression sur les enseignes, via les réseaux sociaux par exemple ou en relayant les actions menées par les associations. Nous faisons partie, avec plus de 180 organisations au niveau international, de la "Coalition pour mettre un terme au travail forcé dans la région ouïghoure". Sur le site de la Coalition, il y a une liste d’actions menées en ce moment, et nous avons besoin du soutien des citoyens pour faire connaître ces engagements. 

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À propos de l'autrice
Chloé Cohen
Journaliste engagée
Chloé Cohen est journaliste et créatrice du podcast Nouveau Modèle sur la mode responsable. Après 3 années passées à New York comme correspondante, Chloé s’est spécialisée dans les problématiques environnementales et sociales de l’industrie textile.
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