Comment choisir un sapin de Noël durable ?
Comment choisir un sapin de Noël durable ?
Selon l’étude L’achat de sapins pour les Fêtes de Noël 2020 - Bilan consommateurs, réalisée début 2021 par Kantar, plus de 6,7 millions de sapins (dont 5,9 millions de sapins naturels) ont été achetés par les foyers français à l’occasion des fêtes de fin d’année 2020. Cette année, si vous souhaitez décorer votre salon avec un arbre, comment le choisir ? Bien sûr, toutes les solutions ont des avantages et des inconvénients.
Naturel vs artificiel
Un sapin artificiel en plastique est fabriqué avec une matière dérivée du pétrole, donc non renouvelable et polluante. De plus, il est souvent assemblé en Asie : il faut ajouter le trajet jusqu’à chez vous dans son bilan carbone. Pourtant, on entend souvent qu’il pourrait être plus respectueux de la planète qu’un sapin naturel, puisqu’on le garde plus longtemps… Cette affirmation n'est pas juste, à moins de garder l'arbre en plastique, très, très longtemps !
En effet, en 2009, le cabinet québécois Ellipsos, spécialisé dans le développement durable, s'est penché la question, en comparant le cycle de vie d’un sapin naturel (planté à 150 km du lieu d’achat, Montréal) et d’un sapin artificiel (manufacturé en Chine, expédié en bateau puis train et conservé 6 ans, la durée de vie moyenne d’un arbre de Noël artificiel en Amérique du nord).
Résultat, le sapin naturel aura émis 3,1 kg de CO2 par an, tandis que ce chiffre s'élèvera à 8,1kg de CO2 par an pour un sapin en plastique. Pour que ce dernier deviennent une solution plus favorable en terme d’impact carbone, il faudrait le réutiliser pendant environ 20 années. L'étude précise toutefois que le sapin en plastique a également plus d’impacts négatifs sur les ressources, mais moins sur la qualité des écosystèmes.
Ceci dit, les “faux” sapins ne sont pas forcément en plastique. Des marques proposent de beaux sapins en bois, réutilisables et plus durables, comme le sapin de Noël de La Fabrique des Potirons, fabriqué à Nantes à partir de pin élevé en France.
Et puis, le web regorge de tutoriels et pas-à-pas pour créer un sapin fait maison, en upcyclant du bois, du carton ou bien d’autres matériaux de récupération trouvés chez vous. Alors, vous vous lancez dans l'arbre de Noël bricolé ? C'est sans doute la solution avec l'impact le plus faible !
Le sapin naturel
Voyons maintenant le cas des “vrais” sapins naturels (qui sont généralement des épicéas ou des sapins Nordmann). Tout d'abord, contrairement aux idées reçues, ils ne contribuent pas à la déforestation, puisque c'est une culture agricole à part entière : ils sont plantés dans des champs et récolté pour cet usage saisonnier très particulier.
Ces plantations peuvent être accusées d’acidifier les sols, mais l'Association française du sapin de Noël naturel s'en défend : “une plantation de sapins de Noël est au maximum en place pour 10 ans, la litière (branches mortes, aiguilles) responsable de l’acidification n’a donc pas le temps de se former. Enfin entre deux rotations de sapins de Noël, beaucoup de producteurs réalisent une interculture, céréales ou engrais verts qui fertilisent le sol”.
Il n’en reste pas moins que cette production demande de l'énergie et des transports. De plus, comme toute monoculture, celle des arbres de Noël a un impact non négligeable sur les écosystèmes. Sans compter l'utilisation de pesticides et engrais, néfaste pour la biodiversité. Alors, comment faire pour réduire globalement l’impact environnemental de cet achat ?
Le choix du Made in France
Selon l'étude de Kantar citée plus haut, 69% de ces acheteurs et acheteuses d'un sapin naturel en 2020 affirment que l’origine française de l’arbre de Noël a été importante dans la décision d’achat : c'est la garantie de transports limités.
Comme le signale 60 Millions de consommateurs dans son magazine de décembre 2021, la production hexagonale est importante et couvre huit achats de sapin naturels sur dix : “La principale zone de culture est le Morvan, où les conditions climatiques sont propices (atmosphère humide, précipitations suffisantes)", même si l'on trouve aussi des producteurs en Normandie, en Bretagne, dans les Alpes ou encore dans le Limousin. Même locale, cette culture est loin d'être sans problèmes : ainsi, dans une tribune publiée sur Basta !, un collectif d'habitants du Morvan dénonce ses conséquences néfastes, "traitements aux pesticides, sols asséchés, invendus incinérés".
La principale zone de culture est le Morvan, où les conditions climatiques sont propices (atmosphère humide, précipitations suffisantes).
La publication mensuelle de l’Institut national de la Consommation (INC) précise qu’il n’est pourtant pas simple de connaître l’origine de son arbre de Noël, puisqu’ “aucune réglementation n’impose au revendeur de l’indiquer”. De plus, les pratiques trompeuses existent : ces dernières années, la Répression des fraudes a constaté plusieurs fraudes, avec de fausses mentions d'origine.
Si cette information n'est pas obligatoire, comment s'informer ? N’hésitez pas à poser la question au vendeur, tout simplement… On peut également se tourner vers “des signes de qualité impliquant forcément une origine française, comme Label rouge ou, bien entendu, Fleurs de France. Des labels régionaux existent également”, précise 60 millions de consommateurs.
Quid des labels garantissant des cultures respectueuses de l’environnement ? Certains sapins sont certifiés par le bien connu AB, qui assure une culture biologique, sans pesticides et engrais de synthèse. On peut également chercher ces logos :
Plante Bleue
Le label Plante Bleue concerne les horticulteurs et pépiniéristes français : il garantit des "pratiques de production écoresponsables", dans plusieurs domaines (gestion de l'irrigation, stratégie de fertilisation, maîtrise de l'énergie, biodiversité & environnement...).
Fleurs de France
Le label Fleurs de France certifie les sapins cultivés par une entreprise détentrice d'au moins une certification environnementale (Plante Bleue, Agriculture biologique ou MPS), entièrement produits en France, avec une durée de culture d'au moins 7 années.
La déco, ça compte aussi !
Si vous souhaitez enluminer votre sapin, l’Agence de la Transition écologique (Ademe) vous conseille “de privilégier des ampoules LED afin de maîtriser votre consommation d’énergie”… Pour les boules et autres personnages, “préférez les matières naturelles aux décorations en plastique”. Là encore, une petite recherche sur le web vous permettra de trouver plein de bonnes idées "Do-it-yourself", à bricoler avec des matériaux de récupération...
Autre conseil de l’Ademe : évitez les sapins recouverts de neige artificielle. En effet, “à cause des produits chimiques qui recouvrent ses branches, votre sapin ne pourra pas être composté ou broyé pour servir de paillage dans les jardins et il n’aura donc pas de seconde vie… Il sera incinéré avec les ordures ménagères”.
Seconde vie
Justement, parlons du mois de janvier. Car un sapin naturel ne va pas rester éternellement dans votre salon. Comment se passe la fin de vie du sapin naturel ? Selon Kantar, en 2020, si 9% des acheteurs et acheteuses de sapin naturel l’ont purement et simplement jeté, 6% l’ont rapporté au point de vente et 5% l’ont replanté (ce qui nécessite un soin très particulier !). Et, heureusement, 80% des personnes l’ont recyclé !
Une tonne de sapins permet de produire 300 à 400 kg de compost.
Si vous avez le jardin et l’équipement, vous pouvez le transformer en copeaux de bois ou en compost… Si non, de nombreuses municipalités et communautés de communes proposent des points de collecte. Les arbres sont ensuite broyés. Comme l’explique le site du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation : “Une tonne de sapins permet de produire 300 à 400 kg de compost. Le dispositif permet un retour à la terre des déchets : au lieu d'être incinérés, ils produisent un amendement qui enrichit les sols. Une autre partie est transformée en bois de chauffage”.
De plus, le broyat de sapin peut être utilisé directement dans les espaces verts municipaux, pour pailler des surfaces et “protéger les sols et plantations de l'évaporation de l'eau et du froid. Avec son acidité, il fonctionne comme un désherbant naturel”. D’autres usages sont plus inattendus : à La Teste-de-Buch (Gironde), les sapins sont déposés sur le littoral, pour “piéger le sable et recréer un couvert végétal sur la dune permettant ains de la fixer”... Et de la protéger contre l’érosion.