C’est une petite révolution. Le groupe L’Oréal Paris, leader mondial des produits de beauté, a lancé en septembre 2020, via sa filiale Garnier, son premier shampooing solide, accessible dans toutes les grandes surfaces. Son crédo : offrir toute l’expertise Garnier, sans le plastique... Même les géants du secteur s’y mettent ! Pourtant, les cosmétiques solides ont longtemps été réservés aux magasins bios et aux inconditionnels du fait maison. Aujourd’hui, la demande est grandissante. Chez les petites et grandes marques, l’offre s’est étoffée pour répondre à tous les types de peaux et de cheveux. Vous êtes tenté ? Bien ou Bien fait le point.

Les avantages des cosmétiques solides

• Moins d’emballages    

Conditionné dans un emballage en carton, voire parfois en vrac, le cosmétique solide ne requiert pas de contenant plastique. Même si les flacons des cosmétiques liquides sont recyclables, voire fabriqués à partir de plastique recyclé, le carton reste globalement plus vertueux pour l’environnement.

• Moins de substances chimiques controversées

Le second avantage très intéressant pour notre santé est qu’un cosmétique solide ne requiert pas de conservateur : sans humidité, pas de développement microbien ! Ainsi, dans les cosmétiques solides, nous ne trouvons ni parabènes (de moins en moins utilisés à cause de leurs rôles suspectés comme perturbateurs endocriniens), ni composés chimiques de la famille des isothiazolinones. Cette famille de substances est largement utilisée comme conservateur, en remplacement des parabènes. Elle est cependant responsable de nombreuses allergies. 

• Une composition plus simple

Généralement, les cosmétiques solides contiennent également moins d’ingrédients. Plus besoin d’ajouter des émulsifiants pour avoir une texture crémeuse ou plutôt liquide, ni des agents contre le rancissement du produit… En réduisant le nombre de composés chimiques, on s’expose de fait à moins de substances différentes. De plus, de nombreuses marques engagées dans le zéro déchet partagent la même volonté de concevoir des formulations simples et compréhensibles par le consommateur.  

• Moins d’impacts sur l’environnement

Les cosmétiques solides sont plus chers à l’unité. Par exemple, une bouteille de shampoing de 300 ml, disponible en grande surface, a un coût moyen inférieur à 3€, contre 10€ pour un pain de shampoing solide d’environ 100g. Mais avec le temps, la balance s’équilibre car le shampoing solide dure plusieurs mois. Au quotidien, cela se traduit par un renouvellement plus espacé des cosmétiques solides : donc moins de transports, moins d’emballages, moins de composés chimiques envoyés au tout-à-l’égout et in fine dans les masses d’eau...   

Enfin, lorsqu’ils sont secs, ils sont plus facilement transportables, ils prennent moins de place dans le sac à dos (et sont autorisés en cabine !). Ils peuvent également nous suivre en voyage sans générer de déchets additionnels pour le pays d’accueil.  

Voilà pour les avantages des cosmétiques solides. Comme tout n’est jamais tout rose, il y a quand même quelques petites limites…

Les inconvénients des cosmétiques solides 

• Un mouvement challengé

Avec l’arrivée des poids lourds de la cosmétique sur le marché du solide, de nombreuses marques pionnières regrettent une perte de cohérence. À l’origine, les cosmétiques solides s’inscrivent dans une démarche “moins et mieux”, comme la slow food ou la slow fashion. Avec l’arrivée des grandes marques, on retrouve encore dans la formulation de cosmétiques solides des substances issues de la pétrochimie et décriées comme les silicones (utilisés pour faire briller et donner un toucher doux aux cheveux par exemple), accusés de générer une pollution en microplastiques.

• Des substances chimiques controversées toujours présentes

Même avec un label bio, certaines substances restent autorisées car elles ont un rôle fondamental. C’est le cas par exemple des tensio-actifs. Ces composés chimiques sont inhérents à une base lavante qu’on retrouve aussi bien dans les lessives, que les liquides vaisselles ou les savons, car ils permettent d’éliminer les corps gras avec de l’eau. 

Le tensioactif, qu’on appelle aussi détergent ou agent moussant, permet de faire le trait d’union entre deux substances qui ne se mélangent habituellement pas : le gras et l’eau. Or les deux plus fréquemment utilisés, le  Sodium Laureth Sulfate et le sodium lauryl sulfate (SLS), sont connus pour être des irritants du cuir chevelu. 

• Un changement d’usage

Avec un cosmétique solide, en fonction des marques, l’application n’est pas la même. Parfois, le shampoing solide ne se répartit pas aussi bien qu’un liquide sur la chevelure, le démaquillant 100% pure beurre de karité peut laisser un film gras sur la peau, le déodorant solide peut être soit trop dur, soit devenir trop liquide sous l’effet de la chaleur de l’aisselle… Rien de rédhibitoire ! Il suffit juste d’être conscient qu’il faut réapprendre à utiliser ces produits, pour éviter les petites déceptions.

• Une efficacité différente

C’est compliqué de juger l’efficacité d’un produit en toute objectivité, surtout lorsqu’on a ses produits fétiches, qu’on utilise quotidiennement depuis de nombreuses années... À nouveau, pour éviter les déceptions, il est important de garder en tête qu’avec le conditionnement, l’usage change. Le shampoing solide ne s’applique pas de manière aussi fluide que sa version liquide. La composition chimique différente peut nécessiter un temps d’adaptation pour les cheveux et/ou la peau. Tout simplement, le résultat final peut être différent. Mais, au-delà de l’efficacité, adopter un cosmétique solide, c’est choisir un produit plus vertueux. Alors, ça vaut le coup d’essayer ?