Zéro déchet : le point sur la consigne
Zéro déchet : le point sur la consigne
[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #6 : Se mettre (vraiment) au zéro déchet : mode d'emploi, réalisé par ID L'Info Durable.]
Star des années 50, elle a disparu des radars quelques décennies plus tard pour laisser place au tout jetable. Les emballages, souvent en verre, étaient à l’époque récupérés pour être lavés, remplis et réutilisés par les commerçants, et ce, une bonne cinquantaine de fois. Mais la révolution du plastique dans les années 60 et le recyclage du verre a rapidement fait de l’ombre à ce système, considéré comme plus pratique pour les consommateurs et moins coûteux pour les industriels.
Il aura fallu attendre 2019 pour que la consigne, chère à l’ex-secrétaire d’Etat à la Transition écologique Brune Poirson, revienne sur le devant de la scène dans le cadre de la fameuse loi sur l’économie circulaire. Le texte, finalement inscrit au Journal officiel le 11 février 2020, a connu un parcours parlementaire semé d’embûches. Le point "consigne" a fait couler de l’encre et attisé les offensives des lobbies, au point que sa généralisation soit finalement abandonnée. Ses détracteurs l’ont considérée comme une "régression écologique", selon un député de la majorité, notamment parce qu’elle concernait les bouteilles en plastique et ainsi "légitimerait le recours" à cette matière - alors que le propre de ce projet de loi était justement de faire sortir la France de son addiction au tout-jetable.
À l’inverse, ses défenseurs la considéraient comme "seule alternative crédible pour rattraper le retard de la France" en matière de recyclage : c’est ce qu’a avancé la Fondation Tara Océan dans une tribune publiée au Journal du Dimanche (JDD), tandis que l’UE s’est fixée pour objectif la collecte de 90 % de ses bouteilles en plastique d’ici 2029. La France plafonne pour l’heure à 57 %. Pour l’association Zero Waste France, la consigne destinée au recyclage – et non au réemploi - ne "présente guère d’intérêt" : certes, elle permet une augmentation du taux de collecte et de tri, mais elle ne permet pas en tant que telle de réduire les quantités d’emballages jetables utilisés chaque année.
Les bouteilles en verre consignées destinées au réemploi doivent pour leur part passer par une station de lavage avant de retourner chez le producteur. Pour être recyclées, elles doivent être cassées, puis fondues à 1500 degrés avant d’être refabriquées. Selon Zero Waste France, cette seconde option générerait 15 fois plus d’énergie que la première. Pour être vertueux, il faudrait aussi que le système de consigne soit géré de manière locale, autrement dit, que le verre soit lavé puis redistribué dans un petit rayon. En ce sens, le système de consigne pour le réemploi s’avèrerait plus écologique que celui du recyclage. Il serait également moins coûteux pour les collectivités...
De l’autre côté du Rhin, la consigne pour le réemploi est monnaie courante pour les Allemands et le pays est souvent cité en exemple pour ce dispositif. Mais il n’est pas le seul en Europe à l’avoir généralisé. Le Danemark l’a par exemple mis en place depuis 2002, l’Estonie depuis 2005, ou encore la Suède depuis 1984 et l’Islande depuis 1989.
Où trouver des emballages consignés près de chez soi ?
Quelques initiatives locales çà et là permettent aux consommateurs de ramener leurs emballages vides afin qu’ils soient réutilisés. L’entreprise Jean Bouteille par exemple, a fait naître à Lille (puis étendu ailleurs) son dispositif "Ma bouteille s’appelle Reviens"... La plateforme Loop, fruit du partenariat entre Carrefour et TerraCycle, s’est mise à consigner les emballages de produits de grandes marques comme Nestlé ou Danone...
Enfin, il existe quelques cartes interactives en ligne qui recensent les dispositifs aux alentours.
Ici, par la blogueuse Crevette Diplomate
À Lille : Haut la consigne
À Lyon : Rebooteille
Et partout en France : la carte du Réseau consigne
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