Globe-trotteurs : où voyager ?
Globe-trotteurs : où voyager ?
[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #10 : Vacances écolo, mode d'emploi, réalisé par ID L'Info Durable.]
À ÉVITER
VENISE
"Ville des amoureux", l’Italienne Venise est aujourd’hui asphyxiée par ses touristes... Parallèlement, son économie dépend en grande partie du secteur. La ville compte aujourd’hui quelque 50 000 habitants permanents : un chiffre en déclin ces dernières années, alors que les locaux finissent par fuir les 30 millions de touristes annuels et tout ce qui en découle. Au point que la municipalité a même mis en place un "ticket d’entrée" pour les visiteurs en 2020. Abîmée notamment par le remous provoqué par les navires aux abords de la ville, Venise a échappé de peu en 2021 à son inscription à la liste des sites "en péril" par l’UNESCO.
BALI
Décharges sauvages, pièges à touristes, densité, animaux errants... Bali ne fait plus vraiment rêver. Destination "à la mode" ces dernières années, l’île indonésienne en fait désormais les frais. Selon les chiffres officiels, 15,8 millions de touristes s’étaient rendus sur place en 2018, soit une hausse de fréquentation de 12,5 % par rapport à l’année précédente. Chaque jour, une centaine de tonnes de déchets serait ramassée sur les plages balinaises. Les hôtels et hébergements touristiques de plus en plus nombreux redessinent le paysage et absorbent en partie les ressources disponibles sur l’île.
ÎLES GALAPAGOS
Sable fin, eau turquoise, biodiversité flamboyante... Ces îles équatoriennes de l’archipel Galapagos attirent de nombreux visiteurs. Et ce, alors que 9000 espèces y vivent dont une grande partie est classée "vulnérable" - à l’image des fameuses tortues devenues attraction touristique. Avec quelque 250 000 touristes annuels, l’archipel commence à arriver à bout de souffle. Selon le WWF, "le nombre croissant de visiteurs et le développement des activités humaines ont augmenté la demande de marchandises importées et de combustibles fossiles". Cette "pression humaine", pour l’association, représente "une menace croissante pour la conservation et le développement durable de la zone", dans un archipel déjà fragile.
MACHU PICCHU
Près du Machu Picchu, la colère gronde notamment face à un projet d’aéroport à proximité de ce site inca péruvien bordé par la forêt amazonienne. Déjà menacé par la fréquentation accrue de touristes, celui-ci ne devrait pas arranger les choses. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le million de visiteurs avait déjà été dépassé en 2012, selon l’organisation : déjà trop pour protéger le site des risques d’érosion et de glissement de terrain. En 2010, un accident de ce type avait déjà bloqué les 4000 touristes présents sur place, nécessitant des évacuations en hélicoptère. Mais le fragile Machu Picchu représente aussi une importante source de revenu pour le pays, estimée à 5 milliards de dollars par an.
À VISITER
COSTA RICA
Il s’agit du pays de référence en matière de tourisme responsable. En pointe sur les questions de développement durable, le Costa Rica est pionnier en la matière. En 2019, il a d’ailleurs été décoré de la plus haute distinction existante, désigné par l’ONU comme "Champion de la Terre". Dans les faits, ces engagements se traduisent par exemple par un vaste programme de reforestation, 30 % de son territoire protégé, près de 100 % des besoins en électricité assurés par les énergies vertes... Enfin, avec 50 % de couverture forestière sur son territoire, le Costa Rica concentre également non moins de 5 % de la biodiversité mondiale. De quoi attirer chaque année 1,5 million de touristes sensibles à ces sujets.
MONGOLIE
La Mongolie est notamment convoitée par les adeptes du tourisme solidaire ou de l’écovolontariat. Si le secteur est un pilier économique pour ce pays à la plus faible densité mondiale de population, il n’en reste pas moins ancré dans ses traditions ancestrales. Là-bas, les visiteurs font du trekking à pied ou à cheval, dorment sous des yourtes chez l’habitant, contribuent à l’économie locale en prêtant main forte aux agriculteurs... En 2020, la Banque asiatique de développement a par ailleurs approuvé un plan de 40 millions de dollars visant à développer l’écotourisme autour, notamment, d’un modèle économique inclusif.
NOUVELLE-ZÉLANDE
La Nouvelle-Zélande fait également d’importants efforts en matière de développement durable. Avec 32 % de son territoire protégé par le Department of conservation, instance dédiée à la préservation de la nature, le pays a accueilli en 2018 3,8 millions de touristes. On y trouve treize parcs nationaux et en 2019, le gouvernement a mis en place une taxe pour ses visiteurs, dont la récolte doit servir à développer un tourisme plus vert. "L’héritage naturel et culturel de la Nouvelle- Zélande est au coeur de notre industrie du tourisme et de notre identité nationale", affirmait alors Eugénie Sage, ministre de l’Environnement du pays.
NORVÈGE
Les pays nordiques sont indéniablement en pointe en termes de développement durable et les modes de vie plus sobres font partie des héritages culturels. La Norvège est notamment exemplaire sur sa production électrique, alimentée à 98 % à l’énergie hydraulique. Autrement, le pays interdit purement et simplement toute déforestation sur son sol pour préserver ses espaces verts, et entend faire de ses fameux fjords des zones zéro émission : d’ici 2026, seuls les bateaux électriques seront autorisés à y naviguer.
En France ou ailleurs autour du monde, le tourisme de masse pose de nombreux problèmes. À commencer par le transport donc et son impact carbone. Sur ce point, une étude de France nature environnement de 2015 alertait par exemple sur la pollution de l’air liée au transport maritime : selon la fédération, un bateau de croisière à quai émet autant de particules fines et de dioxyde d’azote qu’un million de voitures.
Autre fléau lié au tourisme de masse : la mise en danger de la biodiversité. En effet, la sur-fréquentation humaine, notamment dans des espaces naturels, engendre du stress pour la faune et la flore des environs entraînant par exemple l’érosion des sols, la perturbation des périodes de reproduction...
Autrement, l’association World Animal Protection faisait état en 2017 d’une augmentation de 292 % depuis 2014 du nombre de selfies postés sur Instagram mettant en scène des animaux sauvages. Selon elle, la plupart de ces photos traduit des conditions de vie cruelles pour ces animaux capturés et mis en captivité au profit des touristes. Enfin, le tourisme de masse, notamment en ville, pose des problèmes de vie quotidienne aux habitants locaux : des rues bondées, des embouteillages décuplés, de nombreux logements transformés en location touristique, la hausse des prix des loyers...
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