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Tourisme durable : la nécessité d'"inventer de nouvelles manières de voyager"

Tourisme durable : la nécessité d'"inventer de nouvelles manières de voyager"

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Le tourisme représente aujourd’hui 11 % des émissions de gaz à effet de serre. Il faut trouver de nouvelles manières de le pratiquer, plus respectueuses de l’environnement, notamment avec le développement du tourisme durable. Guillaume Cromer, directeur du cabinet de conseil ID TOURISM et trésorier de l’association Acteurs du Tourisme Durable, accompagne depuis plusieurs années collectivités territoriales, acteurs privés, hébergeurs et tours opérateurs dans leur transition. Entretien.
ID L'info durable

[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #10 : Vacances écolo, mode d'emploi, réalisé par ID L'Info Durable]

La transition écologique du secteur touristique est-elle aujourd’hui enclenchée ?

Oui, on observe un véritable boom du tourisme durable à la fois dans le secteur privé et les collectivités territoriales. Ces entreprises et services ne veulent pas seulement faire du green marketing en mettant en avant une offre verte, mais elles désirent surtout repenser en profondeur les questions de l’impact du tourisme. Il suffit d’observer les chiffres des hébergements écolabellisés en France. Le nombre d’établissements labellisés La Clef Verte a, par exemple, atteint 855 en 2022, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2021. Mais il est vrai que comparé au nombre d’hébergements en France, soit 17 405 hôtels, c’est une petite goutte d’eau. Il y a donc encore du chemin à faire, malgré des signaux très positifs quant au développement du tourisme durable.

La crise sanitaire a-t-elle participé à cette évolution ?

Même si elle a été une contrainte pour les vacanciers, en les poussant à partir en vacances dans des zones proches de chez eux, il n’y a pas eu de véritable épiphanie de la part du public. On constate, certes, une petite évolution mais qui correspond à la frange de la population qui est déjà sensibilisée à la consommation responsable et tente de réduire son empreinte carbone. La majorité des touristes ne veut, en réalité, pas toucher à ses vacances qui sont synonymes de confort ou de plaisir. Ça ne suffit donc pas de penser que le public est maintenant sensibilisé aux enjeux climatiques et qu’il va vouloir moins voyager ou de façon plus responsable. Il devient donc nécessaire de mettre en place des règles pour limiter le bilan carbone individuel des touristes.

Il faudrait donc mettre fin au voyage dans des pays lointains ?

Bien sûr. La France a mis en place une stratégie bas carbone réduisant à 2 tonnes par personne et par an les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Il faut regarder la réalité des chiffres : faire un voyage à Bali émettant trois tonnes de CO2 ne sera plus possible. Le tourisme est l’exemple parfait montrant qu’il va falloir changer les choses radicalement car on ne peut plus consommer comme avant. On peut aussi choisir de privilégier notre plaisir face à la planète, mais il faut alors assumer de faire exploser le bilan carbone.

Certains pays prennent un risque en pariant sur la croissance du nombre de touristes internationaux dans un contexte de crise climatique et de volonté de réduction des émissions de CO2.

Dans ce contexte, à qui revient la tâche de développer un tourisme durable ?

Je ne crois pas que le changement puisse uniquement venir du public ou des professionnels du tourisme. Le secteur est d’ailleurs trop lent dans sa stratégie bas carbone. C’est donc plutôt l’affaire des Etats qui doivent établir une réglementation pour réduire drastiquement les émissions et donner les moyens aux entreprises de faire leur transition. Il faut changer d’échelle à travers une nouvelle réglementation, notamment en matière de fiscalité, en faisant payer plus de taxes à ceux qui ne respectent pas les règles du jeu.

Mais certains pays dépendent économiquement du tourisme...

Ces pays prennent un risque en pariant sur la croissance du nombre de touristes internationaux, dans un contexte de crise climatique et de volonté de réduction des émissions de CO2. Si l’on veut agir de manière plus responsable, le tourisme ne peut plus être un moteur de croissance économique pour ces pays-là. Il va falloir trouver d’autres leviers économiques qui vont compenser la perte du tourisme dans ces destinations.

À l’échelle individuelle, comment être un touriste responsable ?

Il y a divers gestes possibles pour réduire son empreinte carbone. On voyage en itinérance, en train, ou à vélo, ce qui est relativement simple à faire en Europe. On réserve des hébergements responsables et écolabellisés. Et surtout on va à la rencontre des populations et des cultures en consommant local. Il est aussi possible de mesurer son bilan carbone, grâce à plusieurs instruments comme celui de l'ADEME. En fait, il s’agit de gérer son empreinte carbone comme un budget : on économise de l’argent comme des émissions de gaz à effet de serre.

Il s’agit de gérer son empreinte carbone comme un budget, on économise de l’argent comme des émissions de gaz à effet de serre.

Je peux alors assumer un voyage lointain de temps en temps, si je n’ai pas trop dépensé de CO2 au cours de l’année. En réalité, on peut voir ces restrictions de manière positive. La contrainte apporte de la créativité, comme l’a prouvé la crise sanitaire. On peut alors inventer de nouvelles manières de voyager ou de vivre l’expérience touristique.

Propos recueillis par Émilie Pelloux.

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=> Lire notre Guide du tourisme durable

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