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Avec ses vins engagés, Oé veut ouvrir la voie de la viticulture de demain

Avec ses vins engagés, Oé veut ouvrir la voie de la viticulture de demain

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Vins 100% biologiques produits aux quatre coins de la France, fort engagement pour la biodiversité dans les vignes, mise en place du réemploi des bouteilles en verre, démarche zéro déchet très poussée... Oé bouscule le monde du vin en cherchant sans cesse à améliorer son impact social et environnemental, comme nous l'explique François-Xavier Henry, co-fondateur de cette entreprise lyonnaise certifiée B corp.
Thomas et François-Xavier, les co-fondateurs d'Oé

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En France, les vignes et autres cultures permanentes occupent 4% de la surface agricole utile. “Mais la viticulture représente 20% des pesticides utilisés. Cela a un impact négatif sur les produits, la terre et les consommateurs. Nous voulons changer cela”, explique François-Xavier Henry, co-fondateur d’ avec Thomas Lemasle.

Le premier, polytechnicien travaillant dans le retournement des sociétés et le second, ingénieur des Arts et Métiers passé notamment par Danone, se sont rejoints dès 2015 sur une ambition commune : “avoir un outil de travail au service du bien et de l’impact positif. C’est du vin mais cela aurait pu être de la lessive ou des chips !", glisse François-Henry pour décrire la philosophie d'Oé. En créant une marque de vins engagés (anciennement Pinot bleu), le duo entend bien “encourager un autre mode de production, mettre en avant des cultures plus saines, accompagner les exploitations pour aller plus loin”. 

“Aujourd’hui, 80% du vin est acheté en grande surface. Quand tu arrives dans les rayons d’un supermarché, tu ne sais pas quoi acheter. Beaucoup de bouteilles sont des assemblages, issus de négoces. C’est un milieu très “fake””, observe François-Xavier. Alors, la mission d’, c’est aussi de construire une marque de confiance, qui propose de vrais produits d’artisans, élaborés par des vignerons et vigneronnes installés aux quatre coins de la France. 

La viticulture représente 20% des pesticides utilisés en France. Cela a un impact négatif sur les produits, la terre et les consommateurs. Nous voulons changer cela.

Le goût avant tout 

À leurs débuts, les deux compères commencent par un gros travail de sourcing. Le premier objectif, c’est bien sûr de partir à la recherche de vins de qualité : “on veut faire du bon, sinon cela n’a aucun sens, ce n’est pas pérenne”. Mais sans fioritures ! “On cherche un Côtes-du-Rhône avec un goût de Côtes-du-Rhône !”, dit François-Xavier. Alors, Oé travaille avec Marie-Paule (Languedoc), Claire et Stéphane (Bugey), ou encore Valérie et Alexi (Saint-Emilion Grand cru). Et bien d'autres !

Oé leur achète "10 à 30% de leurs volumes, pour ne pas créer de dépendance". Et la marque se concentre sur des breuvages hexagonaux : "vous ne verrez jamais de vin néo-zélandais dans notre catalogue ! Mais nous commençons à nous développer à l'export. Nous souhaitons mettre en place de la viticulture engagée partout. Pour nous, cela a un meilleur impact de proposer du vin allemand en Allemagne".

Des quilles biologiques

Et puis, recherche “des professionnels déjà engagés et conscients, pour les aider à progresser. On discute pour voir ce qui les anime, comment faire un pas de plus vers la viticulture responsable”. Et ensuite ? En plus d’un soutien pour la vente, les opérations et la communication, Oé fournit un gros travail pour les accompagner dans une démarche plus durable.

“On analyse le domaine en amont, en réalisant un diagnostic d’exploitation avec EcoFarms, pour identifier les bonnes pratiques, les points d’amélioration et les pistes de travail faisables”, précise François-Xavier. Après ce véritable audit des vignobles, le plan d’action peut concerner les méthodes culturales biologiques, la gestion de l’eau ou encore le bilan carbone : planter des haies en agroforesterie, choisir des plantes mellifères, installer des nichoirs à oiseaux et chauves-souris ou réhabiliter des murs de pierres sèches. Autant d'actions qui permettent entre autres de réguler les ravageurs et de faire face au changement climatique ! Oé peut aider à financer une partie de ces projets, notamment via son association "Oé pour la biodiversité”, financée par 1% du chiffres d'affaires de la marque et d'autres partenaires.

On analyse le domaine en amont, en réalisant un diagnostic d’exploitation avec EcoFarms, pour identifier les bonnes pratiques, les points d’amélioration et les pistes de travail faisables.

Aujourd’hui, Oé a une belle petite notoriété dans le milieu du vin. “Alors, on essaye d’embarquer le plus de monde possible”, dit François-Xavier. Toutes les bouteilles de la marque sont certifiées biologiques… Et vont même plus loin : “on mesure la teneur en métaux lourds dans les sols. Les vignerons Oé utilisent moins de soufre et de cuivre - autorisés dans le cahier des charges AB - que la moyenne des exploitations en agriculture biologique. Si ces métaux sont présents en trop grandes quantités, on les aide à planter des végétaux régénératifs, qui vont absorber les excès. Aussi, on compte le nombre de vers de terre par décimètre cube. C’est un bon indicateur de biodiversité !”. En parallèle, Oé accompagne des vignerons et vigneronnes en cours de reconversion biologique, en leur pré-achetant des volumes, pour leur assurer un futur débouché bio.

Réemployer les bouteilles

Les deux entrepreneurs ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Ils ont par exemple mis en place le réemploi de leurs bouteilles de vin. “Pour que notre bouteille en verre soit consignable, elle doit correspondre à des critères techniques particuliers : forme universelle, étiquette facilement enlevable, colle hydrosoluble, encre végétale, pas de dorure…”, illustre François-Xavier. Le tout est validé par l'association Réseau Consigne, qui regroupe les maillons de la chaîne du réemploi des contenants en France.

Ensuite, il a fallu encourager les différents acteurs à jouer le jeu : convaincre les gens de ramener les bouteilles et les professionnels (épiceries, restaurants...) de les récupérer. Une fois les flux bien mis en place, des spécialistes locaux (Rebooteille, Consign'Up, Alpes Consigne...) ramassent les bouteilles, les lavent et les recommercialisent. Oé rachète des bouteilles réemployées. La boucle est bouclée. 

Le bilan ? Positif, vous vous en doutez, puisque la majorité du bilan carbone d’une bouteille de vin est liée au contenant. Par rapport à l'usage d'une bouteille recyclée, le choix d'une bouteille réemployée permet ainsi d'économiser 76% d'énergie. En 2 ans, le système s’est bien développé : 15% des vins Oé sont vendus dans des réseaux de consigne. Entre mai 2022 et mai 2023, 29 646 bouteilles ont été consignées pour être réembouteillées et remises à la vente. Comme chaque bouteille pèse 550 g, cela représente 16,3 tonnes de déchets évités. Pas mal !

La consigne, personne n’y croyait… Nous sommes fiers d’avoir montré que c’était faisable.

“Nous en sommes encore au tout début de cette démarche. La consigne, personne n’y croyait… Nous sommes fiers d’avoir montré que c’était faisable. Aujourd'hui, même le numéro 1 du vin en France a lancé une gamme consignée”. D’ailleurs, Oé a reçu en 2021 le Prix de l’innovation de la RVF pour cet engagement dans le réemploi des bouteilles. 

Toujours plus loin

L'entreprise va aussi très loin dans sa démarche de zéro déchet globale. Chez Oé, vous ne trouverez pas de capsule (la partie, souvent en aluminium, qui entoure le goulot de la bouteille). “C’est une habitude de marché, mais cela n’apporte plus rien aujourd’hui. Cet élément servait notamment à protéger des bouchons pas assez qualitatifs et à afficher les vignettes fiscales”, explique François-Xavier. Aussi, Oé propose une distribution dans des casiers consignés. Le résultat ? Selon les chiffres de l'entreprise, "une palette zéro déchet permet d'économiser 125 cartons, 750 capsules de bouteilles, 35 mètres de film plastique et une centaine de mètres de scotch, en comparaison d'une palette traditionnelle".

Une palette zéro déchet permet d'économiser 125 cartons, 750 capsules de bouteilles, 35 mètres de film plastique et une centaine de mètres de scotch, en comparaison d'une palette traditionnelle.

En 2017, Oé devient la vingtième entreprise française a obtenir la certification B corp, un label social et environnemental exigeant. “Cela nous permet d’identifier où nous sommes bons et où nous devons progresser”. La marque a également le statut d'entreprise à mission. Quelle est-elle ? "Transformer l'agriculture, la consommation et l'entreprise au service du Bien Commun".

Les projets - comme un bar parisien à la rentrée ! - et les nouvelles idées s’enchaînent, pour faire toujours mieux, en direction du bien et du bon. Oé veut dessiner un nouveau chemin, comme en témoigne son nom, qui évoque l’œnologie mais aussi “Oé !” : “nous voulons être une boîte qui interpelle. Être acteurs du changement. Avec notre équipe de 25 personnes, on ne va pas bouleverser le monde à grande échelle. Mais on peut embarquer les gens, ouvrir la voie et montrer que c'est possible !”

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L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.

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À propos de l'autrice
Lucie de la Héronnière
Responsable éditoriale
Lucie a travaillé pendant une dizaine d'années pour la presse et l'édition. Sa spécialité ? L'alimentation et ses enjeux. Pour Bien ou Bien, elle plonge désormais dans toutes les facettes de la consommation responsable.

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