Apéritifs sans alcool Jardins : "nous avons cherché à recréer l'expérience gustative des spiritueux"
Apéritifs sans alcool Jardins : "nous avons cherché à recréer l'expérience gustative des spiritueux"
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“Quand j’ai arrêté de boire de l’alcool pendant plusieurs semaines pour des raisons de santé, j’ai trouvé que cette situation avait un côté stigmatisant. Pourquoi devais-je me justifier tout le temps ? J’ai senti beaucoup de jugements et une frustration en tant que personne qui aime les bonnes choses. L’offre manquait clairement de diversité et de qualité. Au 10ème Coca de la soirée, tu en as marre !”, se souvient Alix Besnier, 30 ans. De cette expérience pas très heureuse découlera l'idée de la marque dont elle est co-fondatrice, Jardins.
Après une enfance en Belgique, la jeune femme étudie en école de commerce à Paris. Sur les bancs de son master en entrepreneuriat, elle rencontre Henri Volpiliere, montpellierain venu d’une formation d’ingénieur généraliste (et même d'un stage de fin d'études en biologie marine, auprès des dauphins). Très vite, ils deviennent amis : dès l'école, le duo fonctionne à merveille !
Les deux compères se retrouvent quelques temps après chez Possible Future (ex-French Bureau), un bureau d’innovation spécialisé dans le lancement de nouveaux produits et services avec des impacts sociaux et environnementaux positifs. Collègues, ils fondent ensemble leur première entreprise, CryptoCoral, pour “capter la valeur des cryptos avec un impact positif sur les coraux. Mais nous n'avons pas réussi à rendre la société rentable”, raconte Alix.
Des alternatives sans alcool
Plus tard, après avoir imaginé, conçu, lancé bien des nouveaux produits pour les autres, les deux jeunes gens se décident à créer leurs propres innovations, basées sur l’expérience d’Alix vis-à-vis du sans alcool et sur leurs observations du marché des boissons. Habitudes alimentaires, grossesse, préparation sportive, religion, préférences gustatives ou tout simplement envie du moment, il y a 1000 raisons de ne pas boire d'alcool ! “C’est un sujet sociétal fort. On est constamment incités à consommer de l’alcool" observe Henri. De mon côté, mon background scientifique me donnait envie d’innover autour des plantes et des ingrédients naturels”.
Le duo commence par interroger de nombreuses personnes pour comprendre les besoins et la possible valeur ajoutée à apporter. Ce qui ressort de ces recueils de témoignages ? “Le côté parfois stigmatisant du sans alcool. Mais aussi le problème de qualité des boissons sans alcool, pauvres en goût et pas terribles pour la santé (hyper sucrées, avec beaucoup d’additifs…). C’est même parfois infantilisant : on boit du jus de fruit ou du soda, comme si on était à un anniversaire à l’école primaire !”, illustre Alix.
Les boissons sans alcool ont souvent un problème de qualité : pauvres en goût et pas terribles pour la santé (hyper sucrées, avec beaucoup d’additifs…).
Alors, les deux entrepreneurs cherchent à imaginer “une boisson dont on peut être fier. Une boisson saine et intéressante au point de vue gustatif”. Pour en finir avec les alternatives sans alcool ennuyeuses comme un jour de pluie, ils s'attèlent à "la création d’apéritifs hyper qualitatifs, bio et naturels, pour proposer aux gens une expérience agréable”.
Créer des recettes
Après ces échanges, une fois le concept posé, une longue phase de formulation démarre. Alix et Henri réfléchissent avec des chefs, des mixologues et même un nez, imaginent les accords et les listes d'ingrédients, puis se font accompagner par une ingénieure agroalimentaire pour élaborer les recettes et en faire des breuvages stables.
Leur ligne directrice ? “Nous avons cherché à recréer l’expérience gustative que l’on peut avoir avec un spiritueux, avec un profil gustatif construit en trois temps : une attaque aromatique, une complexité et enfin une longueur en bouche, qui caractérise les boissons alcoolisés”. Ce qui demande de trouver les bons ingrédients pour la bonne fonction, comme par exemple les épices et le gingembre pour la longueur en bouche.
Nous avons cherché à recréer l’expérience gustative que l’on peut avoir avec un spiritueux, avec un profil gustatif construit en trois temps.
Le sucre est un exhausteur de goût, souvent utilisé dans les boissons sans alcool. Pourtant, Alix et Henri font le choix de limiter drastiquement cet ingrédient (seulement 2,5% du produit fini) : “nous avons pris le parti de ne pas inclure de sucre ajouté (en utilisant uniquement le sucre naturellement présent dans les fleurs et les fruits). Mais le sucre apporte aussi de la texture, un côté sirupeux et liquoreux. Or, nous ne voulions pas d’une boisson trop aqueuse ! Alors, nous avons trouvé une alternative, des fibres végétales”. À noter : comme les boissons Jardins sont garanties sans conservateurs (et donc faibles en sucre, ingrédient qui joue souvent ce rôle), les breuvages se conservent au frigo pendant 4 à 6 semaines !
Après moult allers et retours avec un petit groupe de testeurs et testeuses au palais affuté, les recettes sont fin prêtes. Autre grande mission, partir à la recherche d'un fabricant, ce qui n’est pas une mince affaire : “Nous tenions à produire en France. Il y a peu d’acteurs, et parmi eux beaucoup avaient des minimums de commandes trop élevés pour nous. Nous avons aussi fait face à une problématique spécifique : nos bouteilles, élégantes et travaillées, reprennent les codes de l’univers des spiritueux. Mais il faut donc pouvoir embouteiller du sans alcool dans une bouteille d’alcool. Un fournisseur de jus de fruits ne pouvait pas embouteiller… Et vice versa”. Finalement, le duo trouve en Touraine un producteur de jus de pommes bio (d’ailleurs utilisé dans les breuvages Jardins !) qui accepte d'adapter sa ligne de production.
En parallèle, il faut trouver des financements, sourcer les matières premières (toutes françaises, à part les oranges et les citrons italiens, le poivre de Timut et le gingembre), mais aussi choisir des bouteilles, designer des étiquettes et plus généralement un univers de marque. Pourquoi Jardins ? “On voulait quelque chose qui rende hommage à la gastronomie. Un nom emblématique… Jardins traduit aussi un univers clair de naturalité. Dans un jardin, on passe de bons moments, on profite. C’est un cocon où l’on se sent bien !”, commente Alix.
Les deux premières recettes, certifiées biologiques, s'intègrent parfaitement dans cette sphère printanière. “Jardins suspendus est inspiré par la Méditerranée. C'est un apéritif ensoleillé, inspiré du Spritz et de l'Italie, avec des oranges amères et des plantes méridionales. Jardins fleuris a des notes de fleur de sureau et d’agrumes, avec du gingembre en fin de bouche. Le résultat est floral et acidulé", décrit Henri.
Campagne de financement participatif
Au printemps 2022, la campagne de financement participatif de Jardins démarre sur Ulule, “pour financer notre première production, tester l’attrait de notre concept, communiquer et rendre visibles nos apéritifs. C’est une belle façon de démarrer”. Près de 1000 bouteilles sont pré-vendues. Pour Alix, “cela a été un moyen d’obtenir des retours concrets, au-delà de nos cercles de proches. C’est une preuve de concept : sans avoir touché ou goûté, des gens nous ont fait confiance ! Aujourd’hui, c’est aussi une façon de montrer à nos clients professionnels que le concept plait”.
Nous avons lancé une campagne de financement participatif pour financer notre première production, tester l’attrait de notre concept, communiquer et rendre visibles nos apéritifs.
En juin 2022, les deux produits commencent à vivre leur vie, commercialisés sur le web et dans des boutiques physiques (épiceries fines, cavistes…). L’équipe grandit avec le recrutement d’une alternante et travaille sur ses prochains produits. L’ambition : continuer à se développer, bien au-delà de la capitale. En 2023, le duo sort des nouvelles recettes, des pétillants sans alcool "Bulles de Jardins" : Rose de Damas & Piment, Bergamote & Romarin et Raisin Blanc & Noix.
Un marché florissant
Avec toujours un œil avisé sur le marché du sans alcool, en pleine évolution : “On a vu la tendance arriver des Etats-Unis et du Canada. En Europe, on trouvait des propositions au Royaume-Uni et en Allemagne, mais cela restait un marché de niche. Depuis 3 ou 4 ans, cela a pris de l’ampleur, dans un premier temps avec la bière, ensuite avec les vins (même si c’est compliqué en France !). Puis avec les spiritueux et les boissons “prêtes à boire”, plus complexes et construites que les sodas", analyse Henri.
Ainsi, “on est passé d’un marché de niche pour des profils spécifiques à un marché plus global. Beaucoup de personnes ne boivent pas d’alcool pour telle ou telle raison, pendant une période donnée. Les mentalités commencent à évoluer”. Alors, si vous voulez siroter un cocktail sans alcool lors de votre prochain apéro, mélangez 1/3 de Jardins suspendus (ou de Jardins Fleuris) avec 2/3 d'eau pétillante, ajoutez quelques glaçons... Et profitez.
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