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Qu'est-ce que le plastique ?

Qu'est-ce que le plastique ?

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Comment fabrique-t-on cette matière controversée ? Quels sont les problèmes environnementaux posés par le plastique ? Quid des microplastiques ?
Photo by Nick Fewings on Unsplash

[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #9 : Comment vivre sans plastique ?, réalisé par ID L'Info Durable.]

S’il existe une multitude de matières plastiques différentes, celles-ci sont classifiées par des dénominations sous forme de sigles inscrits sur les produits : PET, PVC, PP, PS... Ces acronymes désignent par exemple le polypropylène, le polystyrène, le polyéthylène. On regroupe également ces matières en trois grandes familles : les plastiques thermodurcissables, les thermoplastiques et les bioplastiques.

La première catégorie englobe les matières dont la transformation est irréversible et sert donc à concevoir un produit fini ultra résistant. La deuxième, très vaste, concerne les matières qui se ramollissent sous la chaleur puis se durcissent en refroidissant. Enfin, la dernière désigne les plastiques fabriqués à partir de matériaux biosourcés ou biodégradables.

Aussi nombreux soient-ils, ceux-ci sont donc utilisés dans un très large champ d’applications. Vêtements, voitures, smartphones, décoration, emballages, isolants... Où que l’on pose les yeux autour de soi, il y a du plastique. Pratiques à l’utilisation, simples à la fabrication, ces matières sont résistantes, légères, peu coûteuses. En bref, elles se plient à nos quatre volontés. Elles formeront aussi bien du film alimentaire très fin qu’un tuyau de canalisation très épais.

C’est ainsi que l’on peut les retrouver dans nos usages quotidiens. Mais quelles sont les étapes de production avant ça ? Les matières premières pouvant servir à la conception du plastique sont le charbon, le gaz naturel, la cellulose, le sel ou encore le plus courant de tous... le pétrole.

Comment fabrique-t-on du plastique ?

La principale matière première utilisée est donc le pétrole. Si l’acquisition de celle-ci, par extraction, constitue un premier pas de taille, elle devra ensuite subir de nombreuses transformations.

Le pétrole ne pouvant être exploité tel quel, il est envoyé dans une raffinerie pour y être distillé. On en extrait alors uniquement les composants utiles que l’on appelle des fractions : la plus importante d’entre elles, le naphta, est l’élément clé de la production de plastique.

Cette dernière subit ensuite une étape appelée le "craquage" : grossièrement, on chauffe la matière à 800 degrés pour la refroidir ensuite brutalement à 400. Les différentes molécules qui la composent vont ainsi se fragmenter en "monomères".

Vient ensuite l’étape de la polymérisation, où ces monomères seront réassociés les uns aux autres pour former des "polymères" . Ceux-ci seront présentés sous forme de liquides ou de granulés par exemple. À partir de là, on y ajoutera différents additifs - dépendant de l’usage final destiné à la matière - qui finaliseront la composition du plastique. Enfin, celui-ci sera coulé puis mis en forme.

Quel est le problème du plastique ?

Outre ces étapes de production qui comptent évidemment leur lot de pollution, la phase d’utilisation et la fin de vie des objets en plastique posent également question. On estime qu’un sac en plastique à usage unique est utilisé en moyenne 20 minutes par le consommateur. Il mettra au minimum 400 ans à se dégrader dans la nature...

Mangera-t-on du plastique en 2050 ? Cette menace est loin d’être lunaire lorsque l’on considère que d’ici le demi-siècle, les poissons pourraient bien être moins nombreux que ces déchets dans leur habitat naturel, d’après une étude conjointe du Forum économique mondial et de la fondation Ellen MacArthur.

Et sans attendre jusque-là, le problème du plastique est déjà bel et bien visible. D’après l’ONU, on compte en moyenne quelque 11 millions de tonnes de déchets supplémentaires qui voguent chaque année sur les eaux du monde entier, faute d’être recyclés : l’équivalent d’un camion-poubelle est ainsi déversé dans l’océan toutes les minutes.

Tant qu’aujourd’hui, une île loin d’être paradisiaque s’est formée au large du Pacifique Nord, à mi-chemin entre Hawaï et la Californie. On l’appelle le "vortex plastique", ou septième continent... Fort d’1,6 millions de kilomètres carrés, il triple la taille de la France métropolitaine. Mégots de cigarette, bouteilles, emballages alimentaires, sacs, bouchons, cotons-tiges, matériel de pêche... 80 000 tonnes de déchets s’y seraient déjà accumulées.

Et ce type de gros déchets, qui représentent une pollution visible à l’œil nu et menacent déjà l’équilibre marin, n’est finalement qu’une partie émergée de l’iceberg. À cela s’ajoute le problème des microplastiques. Presque invisibles et difficiles à quantifier, on en compte aujourd’hui entre 82 et 578 000 tonnes dans les océans, selon l’Ifremer. En 2018, des chercheurs allemands ont prélevé 12 000 particules de microplastique dans un seul litre d’eau composant la banquise de la zone arctique. Piégés dans la glace, ces déchets auraient été transportés par les courants marins depuis le septième continent du Pacifique nord.

Problème : ceux-ci sont "responsables de tous les effets que l’on peut voir sur la faune marine. Plus ils sont petits, plus ils vont toucher tous les échelons de la chaîne alimentaire", alerte Jean-François Ghiglione, chercheur au CNRS en écotoxicologie microbienne marine. En effet, "des zooplanctons aux baleines, ces plastiques sont ingérés et contiennent un biofilm sur lequel des bactéries se développent. En les avalant, les animaux souffrent de malnutrition et n’arrivent plus à se nourrir. Et si pour l’heure, il n’y a pas d’effet constaté sur la santé humaine, ils peuvent tout de même transmettre des maladies d’un animal à l’autre et donc, entraîner des pandémies comme celle que l’on connaît actuellement".

À quoi ressemble un microplastique ?

"Le premier critère de définition concerne la taille : ils sont tous inférieurs à 5 millimètres", rappelle le chercheur. Classés en différentes catégories selon leur dimension, on estimait en 2014 que 75,4 % de la masse des plastiques retrouvés à l’échelle mondiale dans le milieu océanique correspondaient à ceux que l’on appelle les "macroplastiques", 11,4 % aux "mésoplastiques" et 13,2 % aux "micro" et "nanoplastiques".

Bleus, rouges, roses, transparents, ces derniers aussi petits qu’un grain de riz se distinguent en deux types : les microplastiques primaires et les microplastiques secondaires. Les premiers, issus directement de la fabrication et rejetés tels quels dans l’environnement représenteraient entre 15 et 31 % de tous les microplastiques, d’après les estimations de l’UICN.

Les seconds, eux, se forment à partir de la dégradation de plus gros déchets et représenteraient entre 69 et 81 % de la pollution totale. "Ils sont issus de la fragmentation de grands plastiques, explique Jean-François Ghiglione. Si l’on prend l’exemple d’une bouteille en plastique, celle-ci va se casser en morceaux sous l’effet des UV, des vagues, de l’abrasion et disperser des microplastiques dans l’environnement". Et si les origines de ces deux types sont différentes, l’Homme n’en reste pas moins le principal responsable.

D’où viennent les microplastiques ?

Leurs sources exactes sont continuellement à l’étude. Nombre d’entre eux sont par exemple issus de pertes industrielles involontaires, notamment lors du transport de la matière plastique sous forme de granulés.

Cependant, on estime aussi que 35 % des microplastiques primaires proviennent de nos machines à laver. Lessives, adoucissants, lave-linges ou encore vêtements eux-mêmes - notamment ceux composés de matières synthétiques - relâchent des particules à chaque lavage. 28 % ensuite sont induits par le frottement des pneus de voitures et autres véhicules contre le bitume. Enfin, 2 % sont issus de nos salles de bain : gels douche, shampoings, produits exfoliants, dentifrices...

Dans les stations d’épuration, difficile de s’attaquer à cette pollution invisible. Malgré le traitement des eaux usées, ils sont donc condamnés à terminer leurs vies dans les rivières, les fleuves, les mers, les océans.

Du côté de la catégorie secondaire - la plus grosse part de cette pollution -, les déchets rejetés dans la nature sont condamnés à y rester pendant des décennies. Sacs plastiques, bouteilles, matériel de pêche mettront 100, 400, 1000 ans à se décomposer, rejetant tout ce temps des microparticules.

La pollution plastique en cinq chiffres
  • 1,6 MILLIONS de km2 forment le plus grand amas de déchets dans l’océan, surnommé le septième continent, où 80 000 tonnes s’y sont accumulées. Il mesure environ trois fois la taille de la France.

  • 73% des déchets sur les plages contiennent du plastique. On compte notamment les mégots de cigarette, les bouteilles d’eau, les bouchons, les sacs, les emballages alimentaires...

  • 10 Tonnes de plastiques sont produites chaque seconde. Dans le monde, la production ne cesse de croitre depuis plus de 70 ans. Ces estimations sont le minimum évoqué par la communauté scientifique.

  • En 2050, les déchets plastiques seront plus nombreux que les poissons dans l’océan. Selon les projections, les océans compteront d’ici 2025 une tonne de plastique pour trois tonnes de poissons. À ce rythme, ces derniers seront donc minoritaires en 2050.

  • 52 000 microparticules sont ingérées chaque année par l’Homme. Selon une étude canadienne parue en 2019, nous avalons l’équivalent d’une carte bancaire en plastique chaque semaine.

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