Du petit déjeuner au goûter, Funky Veggie diffuse "la joie comme moteur de changement"
Du petit déjeuner au goûter, Funky Veggie diffuse "la joie comme moteur de changement"
Une pomme ou un Twix ? Camille Azoulai, co-fondatrice de Funky Veggie, aime utiliser cette comparaison lors de ses interventions et interviews. Il fut un temps où, pour assouvir un petit creux dans les rayons de votre supermarché de quartier, vous n'aviez guère plus le choix : un beau fruit ou une barre chocolatée produite par une multinationale de la malbouffe ? Sain ou décadent ? Naturel ou gourmand ? Avec son associé Adrien Decastille, la cheffe d’entreprise a décidé de régler ce dilemme cornélien.
De Shangaï à Paris
Au lycée, Camille rêve de faire une école d’art. Finalement, elle s’oriente vers Sciences Po. Déjà très touche-à-tout, la pluridisciplinarité lui plait. Elle passe deux années en Asie, à Hong Kong puis à Shanghai. Au bout du monde, elle apprend le mandarin, s’imagine un futur dans la communication et réfléchit beaucoup à son alimentation : “En me plongeant dans des sujets aussi variés que la médecine chinoise ou un cours passionnant d'histoire de l'alimentation, j'ai réalisé que notre manière contemporaine de manger était tout sauf naturelle ! J'ai commencé à détricoter le sujet et j'ai été fascinée par le fait que c'est un levier que l'on peut activer chacun et chacune au quotidien, trois fois par jour”.
L'alimentation est une levier que l'on peut activer au quotidien, trois fois par jour.
Elle se bat pour entrer dans un master en double diplôme, avec une première année à Paris, une seconde à Shanghai. De retour dans la capitale française, elle se forme à la naturopathie, notamment suite à la découverte de sa thyroïdite d'Hashimoto, une maladie inflammatoire auto-immune, s’intéresse au véganisme et retourne sur les bancs de Sciences Po. Lors d’un cours d’entrepreneuriat, elle doit élaborer un projet : c'est vite décidé, l’alimentation sera un terrain de jeu créatif, dans le but d’accompagner une transition qui touche tout le monde. Elle imagine des snacks façon "energy balls" maison qui font du bien au corps, aux humains et à la planète... Déjà les piliers de sa future marque !
Camille se prend au jeu et arpente les événements dédiés à l’entrepreneuriat. Au cours d’un Start-up week-end, elle rencontre Adrien. Lui, proche de la trentaine, travaille alors dans la finance et s’ennuie ferme. Il lui donne un coup de main sur le business plan. Parfaitement complémentaires, tous deux ont été marqués par le documentaire Demain, réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, “qui montre des gens qui se bougent à leur niveau et en partant de la joie, pour agir de manière concrète sur l’état de la planète. C'est la racine de Funky Veggie, la joie comme moteur de changement”. Très vite, ils décident de s’associer.
C'est la racine de Funky Veggie, la joie comme moteur de changement.
Une histoire de boules
La jeune femme négocie avec son école pour finalement terminer son master en France. Au cours de l’été 2016, la société Funky Veggie est créée. Camille a alors 22 ans. Comment réagissent sa famille et ses amis ? “Au départ c'était un projet audacieux qui faisait surtout sourire. Petit à petit, le business grandissant, on a gagné en crédibilité auprès de nos proches !”
Camille, encore étudiante, se donne une année pour tirer un Smic de son activité. Dans des kitchenettes parisiennes, le duo teste des recettes, expérimente des mélanges, bidouille des idées. Et cherche à saisir toutes les opportunités. En novembre 2016, Camille et Adrien participent - un peu par hasard ! - à un concours organisé par Franprix… Et remportent la mise avec leur projet de “Boules” (devenues aujourd'hui "Cœurs de boules"), ces snacks 100% naturels, entièrement végétaux et sans sucres ajoutés (mais naturellement sucrés avec des dattes). Le gros lot ? La possibilité de commercialiser leurs sphériques gourmandises dans 50 magasins.
Plonger dans le grand bain
Les associés ont 2 mois pour : valider la formation HACCP permettant de produire des denrées alimentaires en suivant les règles d'hygiène et de sécurité. Trouver un labo pour lancer la fabrication en bonne et due forme. Élaborer un packaging. Le tout, sans levée de fonds... Mission accomplie. En février 2017, Funky Veggie fait sa première entrée - très remarquée ! - dans la grande distribution. Camille et Adrien, en plus de continuer à assurer la fabrication eux-mêmes, livrent les magasins un à un, transportant leurs boules dans un caddie à travers toute la capitale. Le test est validé. À la fin de l’année, 250 Franprix commercialisent les snacks Funky Veggie. Aujourd’hui, c’est plus de 2000 magasins de l'enseigne !
Pendant un an et demi, les deux entrepreneurs roulent plus de 40 000 boules à la main. Une période intense, sur tous les fronts. "C'était très stimulant ! J'étais parfois découragée par les journées entières passées au labo, j'avais par moment l'impression de patiner, mais on avançait ensemble et il y avait une vraie émulation collective : on savait pourquoi on le faisait", commente Camille. Peu à peu, la société va grandir, grâce à un financement par des business angels. Zoé, stagiaire ingénieure agroalimentaire, par la suite recrutée en CDI, débarque dans l'équipe.
Effet boule de neige
Depuis, les boules ont évolué pour devenir des Cœurs de Boules, fourrées de bonnes choses fondantes et décadentes. Aujourd'hui, c'est le produit préféré de Camille, celui qui est né dans sa petite cuisine : "Avec les Cœurs de Boules, on a révolutionné les devants-de-caisse en proposant une alternative gourmande et saine à la fois. J'en ai toujours avec moi, surtout quand je voyage !". Ces snacks affichent des apports nutritionnels très équilibrés et ne contiennent ni sucres raffinés, ni colorants, ni conservateurs, ni additifs !
Funky Veggie développe d’autres produits, désormais concoctés par plusieurs ateliers partenaires en France : des céréales fourrées (inspirées des "Trésor" d'une grande multinationale... Mais en version plus clean !), des granolas, de la pâte à tartiner sans huile du tout et des pépites croustillantes pour l'apéritif... L'idée, c'est de réinventer des produits délaissés à cause de leurs ingrédients peu reluisants. Le sourcing des matières (un maximum françaises, équitables quand elles viennent de loin comme le cacao) et les tests des recettes se font toujours en interne. Depuis 2019, toute la gamme est également certifiée biologique.
"Nous avançons chaque année avec de nouveaux engagements, pour s'améliorer en continu. Nos produits sont toujours "sans rien de bizarre à l'intérieur" (liste d'ingrédients courte et simple), 100% d'origine naturelle et végétale, Made in France, biologiques, avec de bons Nutriscores et notes Yuka", explique Camille. Nous sommes également labellisés PME+, le "Bcorp de l'agroalimentaire", et travaillons avec un ESAT [Établissement et service d'aide par le travail, pour le conditionnement des Cœurs de Boule, ndlr] pour favoriser l'insertion de personnes en situation de handicap". En résumé ? "Sans pour autant être parfaits, le fil rouge est de revisiter des incontournables de la gourmandise en les rendant plus “clean” avec notre cahier des charges extrêmement exigeant".
Le fil rouge est de revisiter des incontournables de la gourmandise en les rendant plus “clean”.
En 2021, une levée de fonds auprès de la gourmande communauté de Funky Veggie, via la plateforme Lita, permet de pousser le modèle encore plus loin. Les consommateurs et consommatrices sont partie prenante et la marque peut recruter et étendre son réseau de distribution, dans des moyennes et grandes surfaces mais aussi dans des enseignes plus pointues comme La Grande Epicerie.
Camille, Adrien et leur équipe ne lâchent rien : "J'espère et je me bats pour un univers plus clean et responsable : les consommateurs ne sont plus dupes et ne veulent plus faire de compromis. Je pense que même les gros acteurs historiques sont désormais obligés de bouger dans le bon sens et je suis très contente qu'on participe à faire bouger les lignes !"
Et la suite ? "On dit souvent qu'on a voulu changer le monde et qu'on a commencé par le petit-déjeuner ! Le but est donc de continuer à développer notre offre sur ce rayon, où il y a encore trop peu d'alternatives saines et responsables, sans compromis sur la gourmandise. On souhaite également se développer partout en France pour être encore plus accessibles, et ailleurs ensuite !" Camille entend bien continuer à faire rayonner la marque, pour accompagner les mangeurs et les mangeuses de manière décalée et pédagogique : "on est convaincus qu'on ne peut changer le monde qu'avec le plaisir".
C'est d'ailleurs le sujet du TEDx de Camille, à écouter ici !